
Les acteurs clés dans la gestion des déchets non biodégradables comme biodégradables renforcent leur synergie pour un environnement assainit. Triage, assemblage et recyclage sont des objectifs communs que partagent les acteurs du secteur. La conférence Burundi Circulaire 2025 s’est offerte comme une étape décisive de mettre en place un cadre d’échange dynamique.
Par Salvator Niyonizigiye
Les entrepreneurs, les chercheurs, la société civile, les partenaires financiers et le gouvernement se sont réunis vendredi dans les enceintes de l’université du Burundi. La conférence baptisée Burundi circulaire 2025 s’est illustré comme un cadre d’échange pour mutualiser les forces afin de gérer efficacement des déchets dans la ville de Bujumbura.

Les plastiques, les verres, les ferrailles et les déchets biodégradables, aucune sorte de déchets n’est épargnée, indique Jeannette Kaneza, présidente de l’Association des Femmes Ingénieures Actives pour le Développement Intégral (FIADI). La présidente de FIADI se félicite de franchir un pas de réunir les différents acteurs dans le Consortium de Gestion et de Valorisation des Déchets du Burundi (CGVDB)
pour créer le cadre d’échange permanent. Ainsi, le CGVDB engrange la connectivité des acteurs. Cette initiative vise la promotion de l’économie circulaire plutôt que l’économie linéaire actuelle. La bataille de recyclage des déchets s’annonce à point nommé. Selon Dr Ir Anaïs-Marie De Keijser, chercheure, la ville de Bujumbura dégage 664 tonnes de déchets par jour. Dans ce contexte, l’économie circulaire devient une solution incontournable, fait-elle savoir.
Face à cette situation Jeannette Kaneza, présidente de l’AssociationFIADI indique que les ménages de toute la capitale économique doivent jouer un rôle clé pour la réussite effective de recyclage. Selon cette activiste les ménages doivent contribuer dans le triage de déchets en amont. Chaque type de déchets doit avoir sa propre poubelle. « Les ménages doivent être conscients de leur rôle pour faciliter la tâche de recyclage des différents déchets. Nos enfants doivent hériter un environnement sain », martèle Kaneza. Les déchets plastiques, par exemple, sont non biodégradables et durent plusieurs années dans la nature et c’est cette dernière qui sera léguée aux générations futures, ajoute Kaneza. Selon la présidente de FIADI, les citadins doivent comprendre que le travail de triage des déchets n’est pas un fardeau, plutôt une bonne chose pour eux et leurs progénitures.
Cette bataille du Consortium de Gestion et de Valorisation des Déchets du Burundi, dont FIADI dirige, est soutenue par le Gouvernement du Burundi. Christian Nimubona, Directeur Générale de l’eau et assainissement au ministère de l’Environnement, dans son mot d’ouverture du Burundi Circulaire, première édition, fait savoir que la gestion et valorisation des déchets occupent une place stratégique dans la transition écologique et économie verte qui sont au cœur de la vision Burundi émergent en 2040 et développé en 2060. Cette autorité observe que la création du consortium des forces vives engagées dans l’économie verte constitue une avancée majeure.
Vigilance dans le recyclage
Les initiatives de transformations des déchets sont appréciées par les chercheurs interviewés en marge de la conférence Burundi Circulaires, première édition. Pourtant, ces derniers soulignent que l’accompagnement des recycleurs est nécessaire pour que le danger des plastiques ne soit pas pérennisé d’une autre façon. Selon Dr Pierre Ntakiyiruta, spécialiste en génie des procédés et de l’environnement, le recyclage des produits surtout plastiques exige une étude approfondie.
Pour cet expert, le recyclage des plastiques peut, par mégarde, engendrer d’autres problèmes. Ntakiyiruta cite, par exemple, le recyclage des plastiques en pavés qui éparpille les microplastiques dans le sol. Une autre source d’inquiétude pour cet expert en génie des procédés et de l’environnement, c’est la gestion des fumées pour les recycleurs des plastiques car ces fumées sont nocives et dangereuses pour la nature et la santé.

Dr Pierre Ntakiyiruta suggère aux recycleurs de faire recours aux filtres habilités pour que la fumée dégagée lors de la fonte de ces déchets plastiques soit traitée avant d’en lâcher dans l’air. De plus, Ntakiyiruta met en exergue l’importance de se protéger pour les employés œuvrant dans le recyclage. Sur la même longueur d’ondes, Albert Mbonerane, président de l’Action Ceinture Verte pour l’Environnement (ACVE), estime qu’il est nécessaire d’étudier attentivement les initiatives de valorisation des déchets au Burundi. Il donne un exemple d’une personne qui utilise la combustion pour fabriquer des briques à partir de déchets non biodégradables. Ce phénomène dégage de la fumée dans l’atmosphère. Dans ce cas, il n’y a aucun changement réel, car même si la personne tire un avantage de cette activité, cela entraîne aussi une pollution de l’air. Cet activiste et ancien ministre de l’environnement estime que toute personne souhaitant travailler dans le recyclage doit, avant de lancer son projet, informer le ministère en charge de l’environnement, afin que celui-ci évalue si la technologie utilisée ne nuit pas à l’environnement. Le ministère, quant à lui, devrait également assurer un suivi pour vérifier si les conditions convenues sont bien respectées. « Si cela ne se fait pas ainsi, chacun dira : j’ai une technologie, je suis en train de me développer en protégeant l'environnement. Mais, il faut aussi s’assurer que cette technologie ne nuit pas à l’environnement car si ce dernier est dégradé, la santé humaine en pâtit immédiatement », a-t-il ajouté.

De l’autre côté, cet activiste environnemental condamne fermement le comportement de certains citadins qui jettent des déchets plastiques ou autres n’importe où, alors que des poubelles publiques ont été installées. Les déchets sont produits par l’humain, et leurs conséquences lui reviennent. Mbonerane déplore le manque d’application des lois. Selon lui, si le code de l’eau, la loi sur l’environnement et la loi de l’hygiène et l’assainissement étaient correctement appliquées, un changement remarquable serait observable. A l’image du code de la route, pour lequel la police de roulage veille étroitement à la circulation, il propose la mise en place d’une institution chargée de faire respecter les lois susmentionnées. Le président de l’ACVE appelle l’administration, de la base au sommet, à veiller en permanence à la protection de l’environnement et au respect de l’hygiène. « Là où il y a de l’hygiène, il y a une bonne santé. Et quand les Burundais sont en bonne santé, ils deviennent productifs, se développent, et contribuent par conséquent au développement du pays », indique Mbonerane.